19 sept. 2015

Une vie ailleurs - Gabrielle Zevin

Une vie ailleurs de Gabrielle Zevin
US - Elsewhere 2005

Edité chez Albin Michel « Wiz » - 2005

309 pages - 14€

Liz Hall, 15 ans, vient de mourir dans un accident de vélo. Elle se retrouve sur Ailleurs, un lieu où les défunts rajeunissent jusqu'à redevenir des bébés et repartir dans le grand cycle de l'humanité. Pour Liz, qui rêvait d'atteindre enfin ses seize ans, le choc est brutal. Car elle n'a aucune envie de rajeunir. Ce qu'elle voulait, c'était décrocher son permis. Entrer à la fac. Connaître enfin le grand amour ! Il va pourtant lui falloir faire le deuil de son ancienne vie sur Terre avant de trouver un sens à cette nouvelle existence...


Le livre s'ouvre sur les pensées de Lucy, le carlin de la famille. Lucy est triste ; sa maîtresse adorée, Liz, vient de mourir. Dans sa petite tête de chien, Lucy pense que sa maîtresse lui manque, regrette que les horaires de ses repas aient changé depuis mais surtout, a de la peine pour sa famille qui sent maintenant la tristesse. La fin d'un être bouleverse ses proches tandis que le monde continue de tourner. 
Partie un, on fait la rencontre de Liz, notre protagoniste principal. Elle se réveille sur un bateau inconnu, au milieu de l'océan. Que fait-elle ici ? Où sont ses parents ? Qui est la jeune fille dans le lit voisin ? Déboussolée, Liz va peu à peu prendre conscience... qu'elle est morte. Elle se trouve désormais sur le SS Nil qui va débarquer ses passagers sur la terre d'Ailleurs. 

Concept intéressant qu'est Ailleurs. Imaginez un lieu où se retrouvent tous les défunts, un lieu finalement pas si différent de notre bonne vieille Terre. Les gens habitent dans des maisons, ont un métier, des amis, des animaux de compagnie... bref, ils vivent leur vie. La seule différence est qu'au lieu de vieillir, ils rajeunissent. Une personne morte à soixante-dix ans aura donc l'opportunité de retrouver peu à peu sa jeunesse durant soixante-dix ans avant de redevenir un bébé et d'être relâché sur Terre pour vivre une nouvelle vie. Tout n'est qu'un recommencement, comme un immense cercle, un cercle de vie. 

Liz apprend tout cela. Mais elle ne veut pas rajeunir, revivre son enfance, non ! Ce qu'elle veut, elle, c'est poursuivre sa vie à peine entamée. Elle n'a même pas seize ans... Elle veut passer son permis et tant d'autres choses :

« JE N'IRAI JAMAIS A LA FAC ET JE NE ME MARIERAI JAMAIS ET JE N'AURAI JAMAIS DE POITRINE ET JE N'HABITERAI JAMAIS TOUTE SEULE ET JE NE TOMBERAI JAMAIS AMOUREUSE ET JE N'OBTIENDRAI JAMAIS MON PERMIS DE CONDUIRE NI RIEN DU TOUT ? »

Révoltée, triste, tout n'est qu'injustice pour elle. Impossible de dire adieu à son ancienne vie. Depuis Ailleurs, elle observe ses parents, son frère, ses amis. Des plans germent dans sa tête pour s'échapper. Mais il est impossible de partir. 

Ailleurs ressemble à une prison pour Liz, alors que pour d'autres, c'est une merveilleuse opportunité. Les grandes stars du rock peuvent se reposer et devenir pêcheurs ou jardiniers, on peu se consacrer à ses passions - on ne dit d'ailleurs pas qu'on exerce un métier mais une vocation - on peut même apprendre la langue des chiens ! Tant de possibilités offertes pour re-profiter de la vie et de toutes ses alternatives. Certains trouvent même l'amour...

« Je me représente la chose comme un arbre, parce que tout arbre est en réalité deux arbres. Il y a l'arbre avec ses branches que tout le monde voit, et puis il y a l'arbre à l'envers avec ses racines, qui pousse dans l'autre sens. La Terre correspond aux branches, qui poussent vers le ciel, et Ailleurs correspond aux racines, qui poussent vers le bas de manière parfaitement symétrique. Les branches ne pensent pas beaucoup aux racines, et peut-être les racines ne pensent-elles pas beaucoup aux branches, il n'en demeure pas moins qu'elles sont reliées par le tronc, tu comprends ? Même si la distance paraît longue des racines aux branches, elle ne l'est pas tant que ça. »

Ce lieu extraordinaire qu'est Ailleurs, on a envie qu'il existe pour de vrai. Mon immersion dans ce livre a été immédiate. L'écriture simple nous porte comme le SS Nil vers ces multiples éventualités où tout semble possible. Le tout dégage un petit parfum de nostalgie car les personnages doivent apprendre à laisser leur vie terrestre derrière eux pour avancer dans leur « mort » sans aucun regret. Mais en même temps, ce livre est aussi réconfortant. On a envie de croire à l'Ailleurs de Gabrielle Zevin, comme on croit que nos doudous nous protégerons des monstres. La mort est dédramatisée et devient belle, comme une seconde chance providentielle. 

Un beau livre, plein de trouvailles, émouvant, à lire et à apprécier sans aucune mesure. 

Une chanson bien trouvée qui m'a accompagnée pendant ma lecture

Site et Twitter de Gabrielle Zevin

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